lundi 8 août 2011

Vendredi 8 août : pas facile de s'offrir


— Gilles, c’est Dan, le photographe de Haaretz.
Belle voix grave. La sensation d’intimité est renforcée par le tutoiement, seul mode d’interpellation en hébreu. Avant qu’il n’arrive, j’ai joué un sketch avec Anne-Sophie : le fantasme du beau photographe.
— Et s’il est aussi large que haut ?
Rires.
Dan arrive. Il déplace les meubles du salon jusqu’à trouver le cadre qui lui convient. Il me demande de m’asseoir sur un escabeau, shoote pendant dix minutes.
— ça ne va pas.
Il vire l’escabeau, intervertit deux tableaux, rapproche un coffre, me demande de m’asseoir, de me tourner, de bouger la tête. De temps en temps, il se moque de moi :
— Tu as le droit de sourire.
Piètre rictus puis à nouveau tête d’enterrement, mon expression la plus naturelle. Il me redemande de sourire et rebelotte. Il shoote pendant une heure. Se faire prendre en photo épuise alors que l’on ne fait rien que de s’offrir. S’offrir est épuisant.
Dan parti, je remonte dans la chambre.
— Il n’était pas aussi large que haut.
— J’ai bien vu.
— Tu as regardé ?
— Deux ou trois fois. Par la véranda, une vue plongeante. Tu étais complètement coincé.
La suite demain… 

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