vendredi 16 septembre 2011

Mardi 16 septembre 2008 : retour sur Ramallah


Je raconte ma virée à Simon.
— Ce n’était pas dangereux d’aller à Ramallah ?
— Cela ne m’a vraiment pas paru dangereux. Qu’aurait-il pu m’arriver ?
— Les Palestiniens auraient pu te prendre pour un agent des services secrets.
— J’avais mon passeport français.
— Parce que tu t’imagines que les agents du Shabak se promènent avec leur passeport israélien ?

Quand je lui décris les dispositifs, il justifie.
Le no man’s land :
— Tu sais pourquoi ? Parce que des terroristes se sont fait sauter devant le check point.
Le fait que je sois passé comme une lettre à la poste :
— C’est donc bien qu’ils ne cherchent que les terroristes.
Les sortes de cages à lions :
— Oui, bien sûr, mais elles ont aussi une raison sécuritaire.
Il était étonné que l’on n’ait pas mieux vérifié mon passeport :
— Ce qui est valable pour les agents secrets l’est aussi pour les terroristes. On imagine que le prochain qui se fera sauter prendra l’allure d’un touriste français, ce soldat n’a pas fait son travail.
— En tout cas, l’attachement des Palestiniens à Al Quds (la Sainte, nom de Jérusalem en arabe),  n’est pas une coquetterie, à voir les foules qui se rendent malgré tous les obstacles à la prière du vendredi.
— On a beau prendre le problème dans tous les sens, il est clair que deux peuples vivent sur cette terre. C’est pourquoi il faut trouver une solution pour que Jérusalem soit ouverte à tous. Il faut reconnaître que ce sont les Israéliens qui ont, depuis quarante-deux ans, le mieux assuré à tous l’accessibilité des lieux saints.
Il se reprend :
— Il n’y a que certaines catégories, les très jeunes notamment, considérés comme potentiellement dangereux, qui ne peuvent pas y accéder librement. Mais quand quelqu’un est père de famille, on estime que le fait qu’il ait des enfants l’empêchera de se transformer en bombe humaine.

Ce qui m’a le plus étonné dans ces quelques heures à Ramallah, c’est la routine qui accompagne cette situation : les hommes s’habituent à tout. Quand on ne peut plus circuler en voiture, des gens créent de part et d’autre des compagnies de taxis ; quand on doit attendre des heures à un check point, quelqu’un se pointe et vend des boissons. Jusqu’au jour où les gens n’en peuvent plus des contraintes et des humiliations.