mercredi 13 juillet 2011

Dimanche 13 juillet : il planta un jardin en Eden, vers l'Orient

 
Parole de diplomate français :
— Ramallah est la capitale de l’Autorité palestinienne, c’est une ville assez cossue. Elle abrite le siège de toutes les organisations internationales et humanitaires présentes en territoire palestinien, donc il y a de l’argent. Naplouse et Djenin, c’est autre chose.
— Et Gaza ?
— Je n’y vais jamais. Il faut être motivé pour s’y rendre. La consule adjointe d’un pays de l’Union européenne y est allée récemment, elle a dû dire quelque chose de travers au passage du check point et elle a été retenue pendant huit heures par l’armée israélienne sans quasiment boire ni manger. Et une fois sur place, on risque de se faire enlever par un groupe d’extrêmistes palestiniens.
— L’histoire de la consule adjointe n’a pas fait un scandale diplomatique ?
— On peut faire un scandale après un tel incident, mais ensuite, on est grillé auprès des autorités israéliennes et on ne peut plus travailler. J’admire beaucoup les directeurs de nos instituts français en territoire palestinien, il faut avoir l’âme chevillée au corps pour faire leur travail, ce que je n’ai pas. Et quand on fait venir un pianiste français avec un piano à queue à Naplouse, cela a quelque chose de surréaliste. En même temps, à part nous, qui le ferait ? Ces gens seraient totalement abandonnés. Le concert, ce n’est pas trop compliqué. Il suffit d’amener le concertiste et de louer le piano, nous payons tout directement. C’est plus difficile quand il s’agit de porter secours aux populations en détresse. Nous sommes coincés entre l’autorité militaire israélienne qui maintient la pression sur les Territoires occupés et la complexité du système palestinien. Si on fait passer l’aide par l’Autorité, il y a toute chance qu’elle se retrouve à 99 % dans la poche des nantis, partagée entre des mafieux palestiniens et israéliens et des corrompus, et les populations nécessiteuses  récupéreront des miettes. Si on passe par les ONG, elles utilisent 80% des sommes pour payer leur fonctionnement. Et nous n’avons pas les structures, en tant qu’ambassade ou consulat général, pour intervenir directement. Quand vous irez à Ramallah, vous verrez, c’est flagrant : sur les hauteurs, il y a de véritables palais des mille et une nuits, et dans la vallée, les camps de réfugiés où les gens crèvent de faim.

On parle peu de politique à Tel-Aviv. Parmi l’intelligentsia, on essaie de ne pas y penser. Le gouvernement est parcouru de scandales : détournements de fonds (le Premier ministre), harcèlement sexuel (le vice-premier ministre) voire viol (l’ancien président). Le pays est encore traumatisé par la dernière guerre du Liban où l’armée a envoyé au casse-pipe des jeunes dans une désorganisation générale, ils n’avaient rien à manger, ils recevaient des ordres contradictoires. Les gens réalisent à présent que cette guerre était inutile, alors on préfère parler de culture, de sexe ou de choses encore plus futiles, ou plus primordiales suivant le point de vue que l’on adopte. On a souvent dit que Tel-Aviv était construite dos à la mer par des Européens grandis à Berlin, mais il semblerait que depuis, les gens se soient retournés pour tourner le dos au pays : ils font face à la mer car c’est elle, Mare Nostrum, qui les rattache à l’Europe. Comme si Tel-Aviv était un petit bout d’Europe, une motte de terre qui s’était détachée des rivages de la Mer noire ou des côtes de l’Adriatique pour dériver jusqu’aux abords du Moyen-Orient, mais Tel-Aviv est comme extraterritoriale, peut-être à la manière de New York si différente du reste de l’Amérique. Les gens d’ici entretiennent un rapport compliqué avec cette mer. Quand on part de Tel-Aviv, c’est pour aller à Londres ou à Zurich, pas à Ramallah ni à Beer-Sheva, à moins que le travail vous y envoie — un enseignement à l’université du Néguev par exemple — mais alors on s’empresse de reprendre le premier train et de passer la nuit à Tel-Aviv.


13 juillet 2008 10:47:51
L’enfer ! Tu vis vraiment l’enfer !
Pour ajouter à ton enfer, je me permets de te rappeler que nous sommes mariés aujourd’hui depuis 16 ans. Et que je pense à toi. Et que tu me manques. Et que je t’embrasse très fort.

13 juillet 2008 19:50:52
(…) Et moi, finalement, je me suis habillée et je suis montée dans la chambre de bonne...
J'y ai trouvé un paquet, je l’ai ouvert : trois magnifiques livres, Lettres de quelques Juifs à M. de Voltaire. Je n’ai pas pu m’empêcher de les ouvrir, les feuilleter, les lire, les sentir.
Certaines réflexions sont d’une modernité incroyable, d’autres permettent de mieux comprendre la place des Juifs au XVIIIe siècle. Je vais me replonger dedans, ça a l’air passionnant !
Et ça me touche drôlement que tu aies pensé à notre anniversaire avant ton départ.
Je t’envoie un grand grand merci pour ce beau cadeau et je t’embrasse tendrement,
Anne-Sophie