jeudi 7 juillet 2011

Lundi 7 juillet : musique classique


J’ai deux places pour un concert classique, je m’y rends avec Moshik, qui y retrouve des connaissances. Tel-Aviv est un village.
   Je connais le chef d’orchestre, c’est Gil. Dory a écrit le livret d’un opéra pour lui.

Discours de l’ambassadeur de France. Celui du vice-premier ministre israélien, est lourd. Il est hué par quelques personnes à son arrivée, car — Moshik me le dira plus tard — il a été accusé de harcèlement sexuel. Mais d’autres, la plupart, l’applaudissent. Après le concert, les cinq cents invités se ruent sur le buffet.
On me présente un attaché de l’ambassade de France. Gilles Rozier… Missions Stendhal pendant trois mois… écrivain… « Ah, et que faites-vous comme travail ? » Un classique du genre : écrivain n’est pas un métier.
— Je dirige la bibliothèque yiddish à Paris, et j’enseigne le yiddish.
— Quand je suis arrivé en poste en Israël, je ne connaissais pas tout ça, et j’ai été surpris de constater que je comprenais le yiddish.
— Vous êtes sans doute germaniste.
— J’avais entendu des gens parler dans un film, vous savez ce film sur la Shoah, comment s’appelle-t-il ?
Shoah ?
   Oui, c’est cela. Très intéressant. Bon, bien sûr, comme tout le monde, je ne l’ai pas regardé jusqu’à la fin car il très long, mais c’était très intéressant : chacun parlait dans sa langue. Très intéressant… Et d'ailleurs, certaines personnes s’exprimaient en yiddish. C’était passionnant ces personnes qui parlaient chacune sa langue.
Scène de comptoir après shoah.

Le chef d’orchestre propose à Moshik de continuer la soirée chez lui, avec quelques amis. Nous buvons de la vodka, mangeons des glaces sur une grande terrasse. Je suis un peu ivre. Nous parlons de sexe, de bisexualité, je me lâche. Nous parlons d’Uri-Zvi : c’est le poète préféré de Gil. Il le connaît en hébreu, je le connais en yiddish. Quel contraste avec la France. Dites dans un salon que les poèmes yiddish d’Uri-Zvi vous donnent des frissons et attendez la réaction :  aucune.
Je me retrouve seul chez moi. Je lis jusque très tard dans l’air climatisé : comment faisait Uri-Zvi dans les baraques en planches de Nordau, sans climatisation ?