samedi 9 juillet 2011

Mercredi 9 juillet : sortir de Tel-Aviv


La semaine dernière, Moshik publiait une nouvelle note sur son blog http://www.notes.co.il/sakal/. Le 8 mai, jour du soixantième anniversaire de l’État d’Israël, il avait décidé avec Dory de s’extraire de la liesse générale et des démonstrations outrancières de nationalisme. L’idée était de trouver un lieu où partir la veille au soir et rentrer le lendemain à la nuit tombée, dans lequel ils auraient été à l’abri des pétards, feux d’artifice, discours d’auto-satisfaction et défilés officiels. Ils choisirent Nazareth, la grande ville arabe de Galilée. Les habitants y sont citoyens israéliens, mais ils ont une manière mineure de célébrer le jour de l’Indépendance. Le seul signe sont les affichettes sur les échoppes du souk disant : « fermé pour cause d’indépendance ». Le couple passe une journée dans ce petit coin d’Orient à une heure de voiture de Tel-Aviv, une journée à la juive, un mes-les (du temps au temps) comme on dit en yiddish, un temps qui commence le soir et se termine le lendemain à la même heure. Seul élément perturbateur de ce programme d’auto-extraction de l’hystérie ambiante : les bruits des pétards et des feux d’artifice provenant de Nazareth-le-haut, la ville juive qui se développe depuis 1974 à quelques kilomètres de la ville arabe qui, elle, remonte aux temps bibliques et s’organise autour de l’Église de l’Annonciation et du mythe fondateur du Christianisme.
Le lendemain soir, Moshik et Dory rentrent à Tel-Aviv, « la première ville hébreue de la période moderne » et réintégrent leur réserve naturelle : un triangle de 0,36 kilomètres carrés, ou trente-six dunams si l’on préfère, délimité par le boulevard Rothschild, la rue Nahmani et la rue Shenkin.
L’histoire a une suite : au concert de lundi dernier, Moshik rencontre son éditrice. Celle-ci lui annonce qu’une de ses amies a lu la dernière note de son blog et que celle-ci lui a donné l’envie d’aller passer un week-end à Nazareth. Voilà bien les habitants de Tel-Aviv : quand ils envisagent de changer d’air, ils hésitent entre New York, Berlin et Paris. Et quand il s’agit de Nazareth, ils se disent : « Tiens, pourquoi pas finalement ? ».
 Coup de fil de Gil. Je l’appelle Adon hamenatseakh (Monsieur le chef d’orchestre), il me nomme Adon hasofer (Monsieur l’écrivain). Je rapplique. Il m’offre le disque Saint des saints, sa symphonie sur un texte d’Uri-Zvi. Il part quelques semaines en tournée à l’étranger. Au revoir. Je remonte sur mon vélo. Je ne me perds pas dans Neve-Tsedek cette fois.
La suite demain…