samedi 13 août 2011

Mercredi 13 août : manger bio mais s'opposer à la colonisation


Antoine Compagnon citant Barthes : Il n’y a pas de roman sans amour.

Thé avec Moshik.
— Te rends-tu souvent dans les Territoires ?
— Jamais.
— Y as-tu déjà mis les pieds ?
— Une fois. Chez le père d’un ami d’enfance. Nous nous connaissons depuis la maternelle. C’est comme la famille : on ne choisit pas un ami d’enfance. Quand j’étais petit, on disait que son père était homme d’affaires. Il était toujours en poste à l’étranger. Quand il a pris sa retraite, on a su qu’il travaillait pour le Mossad. C’est un drôle de type : il habite dans une immense maison juste de l’autre côté de la ligne verte : tu passes le check-point et tu y es, mais c’est quand même les territoires. Il y vit avec d’énormes chiens et parfois, il imagine que les Palestiniens vont l’attaquer, il s’enferme dans l’abri anti-aérien de sa maison avec ses chiens et son flingue, et il téléphone à son fils pour lui raconter. Son fils a passé quelques années à l’étranger, et en rentrant, il a habité quelques mois chez son père. J’étais allé lui rendre visite. Nous vivons une vie totalement séparée des colons. Nous n’avons aucune occasion de les rencontrer.
— Quand tu as fait le séminaire d’été de yiddish, à l’université, tu aurais pu être invité à une fête par un participant qui habitait dans les territoires.

— J’avais parlé le premier jour avec une fille sympathique. Le lendemain, quelqu’un m’a dit qu’elle était très engagée dans le mouvement colon, j’ai coupé court à nos relations. J’adore les pleurotes, mais celles que l’on vend en Israël sont cultivées à Tekoah, alors je n’en achète pas. Ça devient compliqué, surtout quand on aime acheter bio, car la plupart de ces produits sont cultivés dans les territoires.