mardi 23 août 2011

Samedi 23 août : où deux écrivains parlent boutique

Après-midi au café avec Moshik. Longue conversation sur son manuscrit en cours. Il me raconte l’histoire, inspirée d’événements arrivés à des membres de sa famille paternelle. Le roman se déroule entre Damas et Paris, la cour du Sultan et une petite bijouterie située dans une ruelle de la première ville hébraïque. Il y est question d’amour, d’un diamant volé et de trahison. Ça donne envie de lire. Moshik a fini un premier jet et ne sait pas comment avancer, il me demande des conseils car il se heurte aux difficultés qui ont été les miennes après avoir terminé Projections privées : articuler plusieurs histoires et plusieurs époques. Je me sens vieux (nous avons treize ans d’écart), un peu grand frère. Son problème : il n’a pas une Florence comme éditrice pour pointer, mettre le doigt, faire prendre conscience des lignes de faiblesse du texte. Il se retrouve devant une succession de chapitres qu’il peine à agencer. Sans avoir lu le roman mais en connaissant l’histoire, je me permets de lui donner des pistes. Puis nous lisons ensemble Unter dayne vayse shtern, l'un des petits chefs d'œuvre que Sutzkever a écrits dans le ghetto de Wilno. Moshik me guide dans la poésie hébraïque, je lui tiens la main dans la littérature yiddish, mes coups de cœur, les poèmes qui le font vibrer.