mardi 19 juillet 2011

Samedi 19 juillet : une lumière sur la ville


La nouvelle vie apporte son lot de complications. Je suis sorti de l’insouciance dans laquelle je baignais depuis presque trois semaines, ce sentiment de légèreté qui m’avait conquis et que je n’avais pas ressenti depuis des années, des décennies peut-être. Ma vie matérielle tenait dans ces cinq termes : une clé d’appartement, un téléphone portable, une carte de crédit, une bicyclette, un MacBook. Je peine à concilier ce pour quoi je suis ici, l’écriture, les recherches sur Uri-Zvi, Melekh et Peretz, avec la présence d’Anne-Sophie, Simon et Ezra. Ce sont deux situations, deux temporalités différentes. Je dois avoir le courage de dire : je vais à Jérusalem tel jour, je travaille dans telle bibliothèque tel autre jour.

Dans le supplément littéraire du week-end, Benny a publié un texte de Sutzkever sur l’écrivain Isroel Rabon. Ce dernier vivait à Lodz en 1939, il avait fait sensation dans les années 1930 avec un roman, Di gas (la Rue), qui introduisait l’usage de la langue parlée dans la littérature yiddish. En 1939, Rabon fuit Lodz et, avant d’être rattrapé et assassiné par les nazis, trouve refuge à Wilno. C’est là que Sutzkever le rencontre. Benny accompagne le texte d’une introduction. Il indique que Sutzkever vient d’avoir quatre-vingt-quinze ans et termine son article par cette phrase : « Que son réverbère brille encore longtemps sur cette ville ». Je frissonne à nouveau.