vendredi 24 juin 2011

Adina, Dory, Mathan, Moshik et les autres

 Adina. 44 ans. Née à Berlin d’un père violoniste juif et d’une mère allemande convertie au judaïsme. Avant la guerre, son père fuit le nazisme, se retrouve à Harbin en Manchourie où il apprend le russe, le chinois et le japonais, puis à Tel-Aviv en 1945, rejoint ses parents aux États-Unis, retourne à Berlin où il intègre, comme premier violon, le philharmonique dirigé par Herbert von Karajan. Adina s’est installée en Israël en 1986, elle s’y est mariée, est retournée à Berlin en 1997 avec son époux, est revenue à Tel-Aviv en 2001, puis Berlin à nouveau de 2003 à 2005, s’est fait plaquer et souhaiterait  retourner à Berlin mais ne le fait pas pour que ses filles grandissent à proximité de leur père. Dit souvent d’elle-même ani prussit (je suis Prussienne) et rêve en permanence du Ku’ Dam.

Aline. 52 ans. Née à Nancy. En 1973, ses parents, juifs laïques, voyant que leurs deux filles sont en train de devenir de parfaites petites lyonnaises oublieuses de leurs racines juives, s’installent en Israël. Le père trouve un poste d’électricien dans une municipalité au milieu du Néguev. Aline est la plus ancienne amie du narrateur en Israël : ils se sont rencontrés en 1985. Elle a été guide touristique et occupe à présent un emploi administratif à l’Université hébraïque. À cinquante ans, après une fécondation in vitro, elle a accouché de jumeaux qu’elle élève seule.

Aliza. Poétesse hébraïque. Veuve d’Uri-Zvi, en chignon. Vit à Ramat-Gan et se consacre largement à la mémoire de son époux. Non loin de chez elle, la rue Rehovot hanahar (Les Rues du fleuve) porte le nom d’un recueil de poèmes d’Uri-Zvi.

Alona. Romancière israélienne mondialement connue. Née en Ukraine. Vit à Tel-Aviv. Appelle un temps le narrateur Gilles hamoudi, « mon petit Gilles ».

Anne-Sophie. 50 ans. Épouse du narrateur. Est à Paris pendant une grande partie de l’action, sauf du 18 juillet au 18 août où elle vient le rejoindre sur les lieux. Longues conversations par téléphone et par mail entre eux deux.

Aviad et Yonathan. Deux charmants garçons, avocats. Aviad traduit du Pessoa en hébreu. Le narrateur habitera trois semaines dans leur appartement de la rue Frishman.

Bella. 60 ans. Née à Stockholm, fille de l’écrivain yiddish Yerakhmiel Brisk, rescapé du Génocide. Arrivée en Israël en 1968 pour une année d’étude au département de yiddish de l’Université hébraïque, tombée amoureuse. Veuve depuis 1998. Deux de ses enfants vivent à New York, le troisième est à l’armée en Israël. A décidé il y a quelques années de revenir au yiddish de sa jeunesse.

Benny. 37 ans. Né à Tel-Aviv dans une famille pratiquante. Son père, originaire de Pologne, a survécu au Génocide en trouvant refuge en Union soviétique. Après la guerre, vie de réfugié jusqu’à son arrivée en Israël. Sa mère, francophone, est née à Anvers. Benny est ce que l’on appelle, acronyme que le narrateur apprendra durant son séjour, un datlash (dati le sheavar), un laïc anciennement religieux. Il est rédacteur en chef adjoint du supplément « culture et littérature » de Haaretz, le quotidien intellectuel du pays. Il est aussi écrivain et traducteur. Il vit avec un garçon mais ses parents ne le savent pas, ou font mine de l’ignorer. Il passe un shabbath sur deux avec eux à Bnei-Brak, la banlieue ultra-orthodoxe de Tel-Aviv, le reste du temps à proximité du boulevard Rothschild et se promène entre deux mondes.

Cécile. 46 ans. Romancière française, publie sous un pseudonyme. Le narrateur l’a rencontrée il y a des lustres, le premier jour de leur intégration dans une prestigieuse école de gestion de la région parisienne.

Diplomate 1. En poste à l’ambassade de France. N’apparaît qu’une fois.

Diplomate 2. En poste à l’ambassade de France. A été formidable avec le narrateur pendant son séjour, accueillant, attentif.

Dory. 37 ans. Poète, traducteur virtuose et reconnu, notamment pour son adaptation en hébreu des Fleurs du Mal. Rédacteur de la revue littéraire Ho ! Donquichottesque. Ses moulins à vents sont l’establishment littéraire, auquel il finit par appartenir. Vit avec Moshik.

Esther. La soixantaine, les cheveux très courts. Née au kibboutz Ashdot Yaakov, enfin l’un des deux car après une scission, ils sont deux à porter ce nom. Le look d’une israélienne née dans un kibboutz que l’on reconnaîtrait au bout du monde. Gère l’appartement que le narrateur loue un temps à Neve-Tsedek.

Gil. 35 ans. Compositeur, pianiste virtuose et chef d’orchestre. Apparaît seulement au premier acte.

Jean. 43 ans. L’ami très cher qui écrit des mails de son bureau d’une grande maison d’édition parisienne.

Les enfants. Simon, quatorze ans, et Ezra, onze ans, enfants du narrateur.

Mathan. 37 ans. Né en Israël d’un père originaire de Galicie et d’une mère originaire de Pologne. Prépare un doctorat sur la littérature hébraïque et yiddish à New York au début du siècle. A perdu son père dans un accident de voiture quand il avait un an et demi. A un fils d’un an et demi. Évite de prendre la voiture ces temps-ci. Moshik dit de lui que toutes les femmes en sont folles et qu’il est le seul hétéro à faire du yiddish.

Melekh. Né en 1893 en Galicie. A vécu à Lemberg, Vienne, Varsovie, Melbourne, Buenos Aires, New York, Tel-Aviv, est mort en 1976 à Montréal. Poète yiddish, également auteur d’une autobiographie de 1500 pages, père de Yosl.

Moshik. 32 ans. Romancier. A habité pendant 6 ans à Paris. Est rentré à Tel-Aviv depuis deux ans. D’origine syrienne par son père, égyptienne par sa mère. Adore sa grand-mère Judith, francophone du Caire, qui roule les r comme Dalida. Vit avec Dory.

Moumous. 80 ans. Né à Bruxelles. A vécu caché en Belgique pendant la guerre. Père assassiné en déportation. Est monté en Palestine en 1945 et a vécu un an dans un village de jeunes. A interrompu sa scolarité pour se joindre au groupe fondateur du kibboutz Mishmar hanegev en 1946 (« j’avais peur qu’il ne reste pas assez de Néguev pour moi »). À la retraite (si tant est qu’un tel mot existe au kibboutz), a étudié l’histoire à l’université de Beer-Sheva et a soutenu une thèse de doctorat à la Sorbonne en 2006, sur un quotidien yiddish de l’entre-deux-guerres. Paradigme de l’autodidacte juif, espèce en voie de disparition.

Nathalie. 47 ans. Universitaire française, psychologue, épouse du conseiller culturel de l’ambassade de France.

Peretz. Né en 1895 en Ukraine. Poète yiddish. A vécu à Iekaterinoslav (ou Dniepopetrovsk, comme on veut), Kiev, Varsovie, Berlin, Paris, Londres, Jérusalem quelques semaines, puis Varsovie à nouveau, Kiev et Moscou. Exécuté sur ordre de Staline en 1952. Père de Simon.

Rami. Le cousin pas très proche par le sang mais si proche par le cœur. Né à Haïfa en 1958, d'une mère d'origine gréco-yougoslave née à Jérusalem et d'un père rescapé du Génocide, arrivé en Palestine après 1945. Marié à une juive Canadienne fille d'une Anglaise et d'un Hollandais, père re trois enfants. Le père de Rami était le cousin germain de la grand-mère du narrateur, un cousinage pas lointain donc, mais quand les familles ont été si décimées, les vivants se comptent. Rami vit à Mevassereth-Sion, un satellite bo-bo de Jérusalem situé sur la route de Tel-Aviv. Mevassereth s'est beaucoup peuplée dans les années 1990 des familles laïques de Jérusalem qui commençaient à se sentir moins à leur aise dans une ville de plus en plus religieuse.

Raphaël. 25 ans. Volontaire international à l’Ambassade de France. Fin littéraire. Le narrateur l’a connu quand il faisait environ quatre-vingts centimètres, à Jérusalem en 1984. Son père y était coopérant, comme le narrateur. Raphaël et le narrateur partagent leur admiration pour Antoine Compagnon, spécialiste de Proust, professeur au Collège de France.

Raphaël B. 52 ans. Né au kibboutz Regavim. Pilote sur El-Al. A vécu longtemps aux États-Unis, en Alaska notamment. A des enfants de trois femmes, en Australie, en Amérique et en Israël.

Roy. 37 ans. Né à Jérusalem dans une famille religieuse. A beaucoup étudié le Talmud à l’adolescence. A été journaliste en Allemagne, étudiant d’allemand en France. A appris le yiddish à Paris. Est retourné en Israël il y a trois ans. Prépare un doctorat de littérature sur le poète Avoth Yeshurun. Vit seul.

Sarah. 28 ans, née à Niamey. Amie de Raphaël, volontaire internationale elle aussi. Intelligente, charmante, cool. Des tas de copines de toutes les couleurs qui viennent lui rendre visite de Londres, Paris, New York.

Simon. 60 ans. Né en France, arrivé en Israël en 1974. Chercheur à l’Université hébraïque de Jérusalem, spécialiste de l’antisémitisme, tout juste à la retraite.

Simon M. 70 ans. Né à Moscou. Écrivain russe, fils de Peretz. Après l’exécution de son père en 1952, relégué avec sa mère et son frère au Kazakhstan. Réhabilité en 1956. Arrivé en Israël en 1970. A un chien qui  regarde la télévision.

Uri-Zvi. Né en 1896 en Galicie. Fils d’un rabbin hassidique. Poète yiddish et hébraïque, grand imprécateur, arrivé en Palestine en 1923, député du parti de Menahem Begin à la première Knesseth. Mort en 1981. Adulé par certains en tant qu’immense poète, haï par d’autres (parfois les mêmes) pour ses idées radicales.

Velvl. Né en 1958 à Moscou. Arrivé en Israël en 1990 avec le premier avion constitué d’ex-Refuzniks d’URSS. Poète yiddish et quelques autres choses. Vit dans une implantation juive dans les territoires occupés.

Yosl. 87 ans. Peintre, fils de Melekh. Habite et peint rue Bilu, dans une maison qu’il a achetée avec de l’argent gagné à la Loterie nationale.

La mer. Toujours la même et toujours différente.

Figurants. Garçons de café, plagistes des deux sexes, chauffeurs de taxi, marchands de toutes sortes de choses, caissières russes, immigrants clandestins ganais, réfugiés du Darfour, soldats en armes, infirmières philippines en attente de cartes de séjour, touristes français sépharades, garçons et filles en tongs.