jeudi 4 août 2011

Lundi 4 août : sous les avions, la terrasse


Visite matinale à la librairie-bibliothèque Y. L. Peretz, ou plutôt ce qu’il en reste : un vieux monsieur assure une permanence quatre fois par semaine.
— L’institution est en liquidation. Les grands ont eu raison des petits.
Deux personnes assoiffées de pouvoir se font un procès pour ses murs rue Brenner, en plein cœur de Tel-Aviv et se fichent bien des livres. Je fouille et repère une vingtaine d’ouvrages que nous n’avons peut-être pas encore à la Bibliothèque Medem. À mon retour à la maison, je consulte notre catalogue en ligne : douze semblent manquer à nos collections. Bonne pioche. Le métier de bibliothécaire est parfait pour les obsessionnels : on peut passer sa vie à viser l’exhaustivité.

Dîner à la maison, sur la terrasse : Dory et Moshik, Aviad et Jonathan. J’entends parler de politique pour la deuxième fois. Aviad nous parle de lois votées récemment. Sur la légitime défense : on a le droit d’utiliser une arme à feu si quelqu’un attente à vos biens. Par exemple, si on essaie de vous voler l’auto-radio de votre voiture. Aviad de commenter :
— Évidemment, on ne tirera que si l’agresseur est arabe, car on aura peur.
Sur la famille : un/e Arabe israélien/ne n’a pas le droit d’épouser un/e Arabe des territoires. Enfin, il a le droit mais ils ne pourront vivre ensemble en Israël et le conjoint des territoires ne pourra prétendre à la nationalité israélienne.
— Bien entendu, si je souhaite épouser une Guatémaltèque ou une Islandaise, cela ne pose aucun problème.

Scène saisie par Yonathan chez un de ses anciens employeurs. Un jour, une personnalité connue, ancien membre de la Knesseth, du nom de Reichmann, appelle le patron du cabinet. En son absence, il demande à être rappelé. Lorsque son patron revient, la secrétaire lui dit :
— Eichmann a téléphoné pour vous.
Le patron, éberlué, demande :
— Lequel, Adolph ?
Et la secrétaire de répliquer :
— Je ne sais pas, je n’ai pas noté son prénom.

Retour sur ma traduction du poème de Dory. Nous reparlons des e muets. Dory en connaît un rayon en poésie.
Pendant la soirée, alors que les enfants sont scotchés à la télévision française à la découverte de la Boîte à musique, une émission de musique classique, des dizaines d’avions passent sur nos têtes, nous sommes au-dessous du couloir aérien qui mène à l’aéroport Ben-Gourion. Yonathan dit qu’aujourd’hui, 50 000 touristes français sont arrivés.

En fin de soirée, le voisin de l'autre côté de la rue nous fait un show. Il se promène dans sa cuisine. Il exhibe un superbe torse musclé. La baie vitrée le coupe exactement à la ceinture, de sorte que l'on ignore s'il est totalement ou seulement torse nu. Autour de notre table, tout le monde se retourne et donne son avis.