vendredi 23 septembre 2011

Mardi 23 septembre : l'amour du poète et de la poétesse

Dernière séance aux archives. Bien sûr, je pourrais rester des semaines plongé dans les papiers de Melekh. Pour l’heure, je me contente de terminer sa correspondance avec la poétesse. Je m’arrache les yeux depuis des semaines sur leurs pattes de mouche en yiddish. Les lettres les plus difficiles à lire sont les cartes écrites par elle d’Union soviétique pendant la guerre. Le papier manquait et elle écrivait serré. Certaines de ses lettres à lui sont dactylographiées, ça soulage, même s’il a tendance à se perdre en blabla. Je veux comprendre comment a évolué leur amour, depuis leur rencontre en 1921 jusqu’à leur mort dans les années 1970. Une demi-heure avant la fermeture, en ce dernier jour, je tombe sur une lettre de dix pages de Melekh à Rokhl, commencée le 1er janvier et terminée le 31 mars 1949. Elle a dû lui dire quelque chose comme : « Finalement, tu n’étais pas très heureux que je vienne m’installer à Montréal ». Et lui de se justifier pendant dix pages de son comportement exemplaire à son égard. Et pour ce faire, il revient sur toute leur relation, depuis 1921 jusqu’à ce jour. Exactement ce que je cherchais, un cadeau pour mon roman.

Et dans une autre lettre :
— Ce Sutzkever n’a que trente-trois ans, mais c’est un poète génial.