lundi 15 août 2011

Vendredi 15 août : une ville méditerranéenne puante


Lu dans Rosebud de Pierre Assouline : « on croise ainsi des ombres familières là où l’on s’y attend le moins, qui envoient parfois de légers sourires, où la connivence se niche en secret ».

Je lis Dalia Rabikovitch. Moshik me conseille des poèmes, je les lis ensuite, cherche les mots difficiles dans le dictionnaire, les relis. Puis nous nous voyons et en parlons ensemble.

Couchée sur les eaux

 

Ville méditerranéenne puante
Prostrée devant les eaux
La tête entre les genoux
Le corps couvert de poussière et d’ordures.
Qui relèvera de l’abjection
Une ville méditerranéenne putride
Les pieds rongés par la gale,
Ses fils s’affrontent
À coup de couteau.

Et voici que la ville déborde de raisins et de prunes en cagettes
Au marché, les cerises s’offrent aux passants.
Le soleil au couchant rosit comme une pêche
Qui peut haïr sérieusement
Une ville méditerranéenne contaminée
Beuglante comme une vache en chaleur
Ses murs de marbre s’effritent en grains de sable.
Elle est vêtue de serpillières brodées
Mais elle n’y peut rien,
Elle n’y peut rien du tout.
Et la mer, pleine, jouxte son front aveugle.
Le soleil lui envoie ses rayons compatissants
Quand son courroux cesse à l’heure du coucher.
Courges, concombres et citrons gorgés de couleurs et de sucs
Lui soufflent le délicat plaisir de leur parfum d’été
Elle ne mérite
Ni amour ni pitié.

Ville méditerranéenne polluée
Pourquoi mon âme lui appartient-elle ?
C’est la vie,
Rien que la vie.

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