dimanche 21 août 2011

Jeudi 21 août 2008 : langue sacrée, langue parlée


Je regarde Langue sacrée, langue parlée, le nouveau documentaire de Nurith Aviv sur la langue hébraïque. La réalisatrice m’a demandé d’animer un débat sur le film deux jours après mon retour à Paris, fin septembre. Pour la première fois, un film aborde cette langue dans sa complexité. On sort du discours de propagande qui veut que l’hébreu ait été une langue morte pendant deux millénaires et qu’il ait été ressuscité au début du XXe siècle. En faisant parler une dizaine d’écrivains hébraïques, la réalisatrice montre toutes les couches constitutives de la langue : la Bible hébraïque, l’hébreu de la Mishna, l’araméen du Talmud, la littérature rabbinique qui ne cesse de façonner la langue pendant vingt siècles de Diaspora, la poésie de l’Espagne médiévale, les écrivains d’Odessa et de Varsovie à la fin du XIXe siècle, l’importance du chant liturgique dans la vie quotidienne des communautés sépharades, le yiddish comme conservatoire de l’hébreu pendant mille ans.
C’est émouvant de voir ce film à Tel-Aviv. Chacun dans son genre, ces onze écrivains en parlent magnifiquement, la langue vit de belle manière dans leur bouche. Roy est celui qui me touche le plus. Est-ce parce que je le connais ? Il parle de la langue maternelle — l’hébreu de tous les jours — et de la langue du Père suprême — l’hébreu de la synagogue —, la confrontation de ces deux langues dans sa tête d’enfant. Puis il raconte comment il a fait un détour par la Diaspora — l’Allemagne puis la France — pour découvrir le yiddish qui lui a permis de renforcer encore son intimité avec la langue hébraïque.
J’ai connu Roy quand il était étudiant à la Sorbonne. Il y a soutenu un DEA de littérature yiddish sur Di kupe (Le Tas), le chef-d’œuvre de Peretz. À Paris, il paraissait emprunté, mal dans sa peau. Dans le film, on perçoit un embarras, la manière de poser son corps n’est pas très naturelle.
La suite demain…

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