Après la cérémonie à la mémoire de Bialik, hier, je me suis approché d’Aharon Appelfeld pour lui présenter mes hommages. Notre rencontre date d’il y a trois ans, quand nous l’avions invité à la Maison de la culture yiddish pour la sortie de son livre Histoire d’une vie. Mais comme nous ne faisons jamais les choses comme tout le monde, nous avions organisé une rencontre où il était en dialogue avec Rachel Ertel… en yiddish. La soirée avait fait une certaine sensation. Les représentants des services culturels de l’ambassade d’Israël s’en était émus : « quoi ! L’un des plus célèbres écrivains hébraïques vivants ne s’exprime pas en hébreu ? En anglais, passe encore, mais en yiddish ?! » J’avais réussi mon petit coup de malice. Appelfeld était ravi, lui qui avait tenu, à son arrivée en Israël à la fin des années 1940, à maîtriser cette langue qu’il avait seulement entendue, dans son enfance à Czernowitz, chez ses grands-parents. Il s’était alors rapproché d’un romancier rescapé, lui aussi, de la grande Catastrophe, Leyb Rokhman.
La veille de la rencontre, Anne-Sophie et moi avions organisé une petite réception en son honneur, à la maison. Et depuis, quand je suis en Israël, je vais lui rendre visite, et il me dit, quand il m’accueille, que je suis un des seuls avec lesquels il peut encore parler yiddish.
En cette fin d’après-midi, alors que le soleil se couchait sur le cimetière Trumpeldor et que la chaleur y était encore intense, à quelques mètres de la tombe de Bialik qui est considéré comme le poète national hébraïque mais dont le pays a oublié qu’il fut également un immense poète yiddish, Aharon Appelfeld et moi nous sommes à nouveau parlé en yiddish. Et c’était bon.
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